lundi 27 juillet 2009
Attention au feu rouge
Il avala les cachets comme on jette une lettre dans une boîte, il voulait voyager dans le temps. Son démon hurlait prêt à venir lui ronger les os. Lui qui n’avait qu’un avion en tête, cette fille qui était avec lui.....
Ils se sont croisés dans une soirée, ou, invisible, il avait vidé tous les gobelets sans doute parce qu’on lui avait parlé gobelin toute la soirée .Les fumeurs regroupés en mégots dans la cuisine lui échappaient, il visait la bouteille de vodka dans le freezer. Ses yeux verts, son regard insistant, plein de malice, de compassion, appuyé sur un sourire permanent. Capable comme celui d’une statue, de figer la pose jusqu'à ce que sourire soit la seule réponse. Je baissais la tête le premier, mes doigts jaunis par la fumée des sans-filtres tenaient une cigarette imaginaire. Je la fumais du regard, elle, tendait sa main vers moi pour m’emmener.....
.. ..
La vue du sang calma son humeur, rêves agités parsemés de « plus » identifiés comme « tel et tel qui croyais prendre. » Je ne me rappelais plus comment j’avais quitté la fête. Elle n’était plus là, le sang gisait sur ma chemise, une odeur de violence régnait dans cette ruelle éclairée de palmes de couleurs étranglées, de vert , de rouge , de bandes qui passent blanches, lignes qui vous défoncent la gueule jusqu’au sang.....
Elle ne m’avait pas quitté, je m’enfuyais toujours avant, de peur de la perdre, qu’elle me voit comme je me pense, pas grand-chose, dans un gabarit trop étriqué pour que l’odeur du sang ne m’inquiète. Je pensais aux brumes de Londres, à Jack l’éventreur. Mon champ de vision était restreint, mes yeux collés par la sueur sèche ne distinguaient que de vastes formes et la douceur de sa peau emplissait mon corps d’un frisson qui atténuait les courbatures de fatigue.....
L’élégance de son cou, la rondeur de ses omoplates, l’odeur de sa peau, ses lèvres posées sur ma joue ou sur ma main, sans intention autre qu’un contact, une succession de bonheurs silencieux, l’un pour l’autre, moi, le sale petit bonhomme, elle. Un chemin entre nos yeux ne lisait rien, le silence, une œuvre d’art rare que nous aimions cultiver comme un jardin. Ses mains enchevêtrées dans les miennes, comme collées par la glaise, ses ongles durs et ronds. J’aimais les sentir se refermer sur ma chair, me noyer dans son regard, idiot et heureux de l’être. Mes yeux ne parvenaient pas à s’ouvrir et ça sentait le sang.....
Mes mains se refermèrent, je ne priais rien et je ne voyais rien et je tombais à genoux et de mes yeux des larmes se mirent à couler et j’ai vu là devant moi apparaître comme une photo plongée dans le révélateur, ce chien crevé devant moi. Il s’était fait écraser par une voiture sortie d’un verre de soda, et moi j’avais essayé de le sauver et son maître sortie d’une flaque d’eau avait disparu noyé. Le chien était mort en homme libre dans mes bras et moi comme un con je me suis endormi sur cette bête endolorie par la mort.....
David Feruch
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