dimanche 2 août 2009




EXTRAIT DES ÉCRITS D' ANGEL ALONSO

Sur la peinture et les peintres

I

Le tableau nécessite le toucher, un peu comme la femme qui se laisse admirer nue ou vêtue, qui se laisse toucher ou palper car le tableau ignore la pudeur.

Fais de la laideur ton plat de bravoure.

La peinture, cause perdue, irrémédiable désespoir, devenue un Mac Donald unificateur.

Que l'art se passe de l'art, que la peinture se passe de la couleur, un peu de solitude lui fera le plus grand bien.

Il nous faut des carnassiers du beau et des peintres condamnés à fumer à l'hôpital le calumet de l'éternité.

Par crainte des complications il décida de ne rien faire, de ne plus peindre.

Devant sont chevalet il l'a vêtu et il l'a recouverte d'un drap blanc pour pouvoir ce dire "je suis un peintre".

Que faire d'une belle femme qui pose pur toi,la vieillir?

Une bouche de femme avec la couleur de son rouge à lèvres.

Les peintres d'aujourd'hui, ruine préhistorique dans les années 2059.

Il nous faut d'autres sentiments que la peur,l'amour, la violence, la beauté.

Se méfier du pathos, encore un sentiment amplement usé.

L'omission totale en peinture et vivement conseillée.

Achever un tableau, un désastre quotidien.

Interroger le vide, le silence, l'inquiétude. L'enregistrer.

Le seul matériau est l'arbre, la pomme, la montagne, la prairie, le citron, le ciel.

Les théories sur la fin de la peinture se révèlent aujourd'hui être des théories faites par la la vieillesse des peintres.

Pour ce qui en est, la peinture ne peut qu'en finir avec les
peintres.
...

Angel Alonso
(1923 -1994)