samedi 19 septembre 2009

on m’a conté un histoire / David Feruch

Sur cette couronne de mousse une blanche colombe honorée de deux paires d’ailes d’ange.
Seul un cyprès, au pied duquel rien ne pousse, parce qu’il déverse de ses branches une sève qui rend la terre stérile.Son regard passe au milieu. Lointain il attend.

Les dieux sont en colère, ils veulent les réunir. Il faudra bien que quelque chose y pousse au pied de ce cyprés. Ils le taillèrent, n’hésitant pas à envoyer la foudre et le vent afin que ses branches se reposent et laissent la terre se poser sur lui.....

« Je ne suis pas une statue », disait-il. « Je suis un Cyprès, et c’est quand ma tête sera dans les nuages que je boirai l’espace et que le monde viendra à mes pieds se poser... » .
Sa nature était démesure, et la nature le croyait fou. Pourtant le printemps ne cessait de l’encourager ; à chacune de ses venues, il prenait une tête. « Tête de bois », pensaient les dieux. Les sommets avaient eu vent de ce cyprès et son arrivée courait dans les couloirs un simple bruit, une esquisse cent fois repensée. ....

Aussi un ange décida un jour de s’en mêler. Pour déjouer le plan ébauché au pied du cyprès, il créa une mosaïque de pierres rares non dépourvue d’intérêt. Les enfants qui arpentaient la forêt trouvèrent cet endroit si joli, ce cyprès entouré de cette mosaïque si belle .Ils y avait inventé une marelle et à croche-pied devaient atteindre le cyprès. Lorsqu’ils arrivaient à le joindre, ils le prenaient à bras le corps.....

Il se sentait aimé même si, à chaque fois, les sommets les plus fragiles de ses branches tombaient. « Il n’y a plus rien à espérer », disaient les dieux. « Qui a osé une pareille mosaïque ? » Un brouhaha terrible s’empara des différentes assemblées, les dieux et demi-dieux cherchaient un coupable, il fallait qu’une tête tombe. Les oiseaux furent réquisitionnés, on les vit planer dans les vallées et clairières, et même les cités furent fouillées de fond en comble. Pour les créateurs, seul un humain avait pu commettre pareil outrage.....

Le printemps ne voyait pas ça d’un bon œil et se sentait coupable. Un de ses anges avait pris cette initiative et aucun humain ne devait payer pour sa faute. Alors, après que le printemps lui eu témoigné sa reconnaissance, l’ange se présenta devant les dieux, et en conséquence ses ailes lui furent ôtées. Elles furent les premières à orner la couronne où la blanche colombe avait coutume de séjourner.....

L’histoire filait bon train. Les uns partisans d’une issue heureuse, les autres foudroyant ce mépris des règles. A tel point que les saisons en vinrent à se mélanger. Les hivers furent rigoureux, l’automne froid et sec, le printemps englouti sous les pluies. L’été par les orages vit sa terre à de multiples endroits foudroyée. ....

Si bien qu’à un mètre du cyprès, une fissure engendrée par la foudre laissa de la terre sortir une naissance, celle d’un petit arbre, sans doute un cyprès. Les dieux, bien qu’agacés, se mirent à rire. Evidemment, les enfants se chargeraient de réduire à néant cette pousse imprévue. Lorsque les enfants arrivèrent pour jouer, ils n’en firent rien. Bien au contraire, ils se mirent à la chérir et à l’aimer.....

Alors, le conseil fut réuni de nouveau. Ils décidèrent que le cyprès serait transformé en statue de pierre jusqu'à ce que la nature détruise cette mosaïque et reprenne place au pied du cyprès. Une bonne fois pour toute.....

La foudre concoctée par les dieux et les quatre saisons devait tomber en ce jour de grande tempête, où la terre serait si dévastée que nul ne devrait tenir compte de cette transformation.....

Ce jour là, la terre trembla sur tous les continents, mais au pied de notre cyprès une aura que les enfants qualifièrent de divine protégea le cyprès et sa nouvelle pousse. La foudroyante tempête qui dévastait le monde cessa. Les dieux hurlèrent de rage .


Quelle force suffisamment puissante avait put mettre en échec leur divine volonté ?....

Contrairement à la fois précédente, ils n’eurent à chercher longtemps le coupable. Il se présenta spontanément à eux et s’autodétruisit en un millier de particules, avant de disparaître. Ces ailes vinrent orner la couronne de mousse où la colombe séjournait. ....

Mais les dieux n’étaient pas au bout de leurs peines. En effet, il fallut se rendre à l’évidence, les choses avaient changé. Quand la tempête s’arrêta, les enfants avaient grandi. Ils étaient devenus des adultes. La pousse au coté du Cyprès avait grandi elle aussi, elle était devenu arbre. La blanche colombe sur sa couronne disparut à tout jamais.....

Les dieux, de ce jour, n’osèrent plus rien tenter, ne pouvant s’empêcher de penser que la colombe s’était transformé en cyprès .Quand à cet ange si puissant, certains disent que les quatre saisons se seraient alliées pour créer cet être si puissant capable de contrer le dessein des dieux. Au conseil qui suivit, les dieux se dirent que condamner les quatre saisons reviendrait à détruire une bonne fois pour toute ce foutu monde qu’ils avait créé, et que somme toute, ce vilain cyprès n’en valait pas la peine.

David Feruch

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